En Guinée comme au Mali : le projet de conservation du pouvoir par les putschistes…Une escalade programmée dans l’impasse générale.
Quand nous voyons certains manifester notamment à Paris en chantant leurs louanges en les comparant parfois aux Jerry Rawlings et Thomas Sankara, nous nous disons qu’un certain « sentiment anti-français » pourrait aussi empêcher de garder toute la lucidité nécessaire pour savoir identifier le projet sous-jacent d’une conservation du pouvoir pour le pouvoir derrière la revendication légitime et populaire d’une plus grande souveraineté des États d’Afrique noire francophone sous l’emprise des coups d’État militaires.
Soyons donc très vigilants et redoublons d’exigence, y compris vis-à-vis des juntes militaires !
En effet tout en déplorant le fait qu’un embargo international finisse par punir les peuples à cause de la dérive pouvoiriste des juntes militaires, militons pour des sanctions ciblées contre les principaux membres de celles-ci en nous montrant inflexibles avec le nécessaire rétablissement de l’ordre constitutionnel et le retour de pouvoirs civils légitimes au Mali comme en Guinée, au Tchad et au Burkina Faso, sans exception dans tous ces pays africains actuellement sous le contrôle des régimes militaires.
Sinon nous entérinons la régression des processus démocratiques et la mort programmée des cultures d’alternances sur le continent, pour lesquelles les peuples d’Afrique se sont petit à petit imprégnés malgré les fraudes électorales retentissantes dans certains pays sous la relative complaisance voire complicité de la supposée communauté internationale, notamment de la France.
De plus, c’est la collusion de ces juntes militaires avec des régimes illibéraux, comme la Chine, la Russie et la Turquie, qui pose le problème central de la décolonisation et de la recolonisation sur le continent aujourd’hui.
En effet, la décolonisation était autrefois, pour les Africains ordinaires, annoncée comme un moment de potentiel radical et de possibilité de tracer une nouvelle voie en dehors des appareils de domination de l’empire colonial.
Cela a marqué une période de transition vers les États-nations – et une expansion d’une communauté internationale basée sur les droits de l’homme et contre les échecs moraux des empires coloniaux en termes de racisme, de dépossession et d’assujettissement qui ont caractérisé le colonialisme.
Aujourd’hui, ce concept de décolonisation n’a plus de sens, rendant les Africains ordinaires incapables d’aborder les questions d’autodétermination, de gouvernance démocratique et les complexités de la politique mondiale moderne et, plus important encore, la place de l’Afrique dans le concert des nations.
Nous avons des régimes tyranniques qui manipulent le « nationalisme » et la « morale » pour pousser le continent à être « recolonisé » sous prétexte de combattre l’ancien colonisateur, la France, alors que les vrais enjeux restent la démocratie, les droits de l’Homme et la justice sociale.
Alors, au CL2P/ICL2P, nous demandons à ces « décolonisateurs » d’adopter plus d’humilité – de résister à la posture du nationaliste radical armé pour le « bon combat ». Au lieu de cela, ils devraient véritablement s’engager auprès des sociétés civiles africaines qui sont déjà sur le vrai champ de bataille, pour ainsi dire; avec ceux qui « font le travail » de la démocratie, des droits de l’Homme et de la justice sociale dans la pratique, mais qui n’ont jamais été suffisamment reconnus jusqu’à présent.
Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques ICL2P / CL2P
English version
On the Real Battlefield of Decolonization in Africa
In Guinea as in Mali: the project of preservation of power by the putschists… A planned escalation in the general impasse.
When we see some demonstrate, especially in Paris, singing their praises, sometimes comparing them to Jerry Rawlings and Thomas Sankara, we tell ourself that a certain « anti-French feeling » could also prevent us from keeping all the lucidity necessary to know how to identify the project. underlying the conservation of power for power sake behind the legitimate and popular demand for greater sovereignty of the states of French-speaking black Africa under the influence of military coups.
Let us therefore be very vigilant and redouble our demands, including vis-à-vis the military juntas!
Indeed, while deploring the fact that an international embargo ends up punishing the people because of the power grab drift of the military juntas, let us militate for sanctions targeted against the main members of these by showing us inflexible with the necessary restoration of the constitutional order and the return of legitimate civil powers in Mali as in Guinea, Chad and Burkina Faso, without exception in all those African countries currently under the control of military regimes.
Otherwise we endorse the regression of democratic processes and the programmed death of cultures of alternatives on the continent, for which the peoples of Africa have gradually become impregnated despite the resounding electoral fraud in certain countries under the relative complacency or even complicity of the supposed international community, notably France.
Moreover, it is the collusion of these military juntas with illiberal regimes, such as China, Russia and Turkey, which poses the central problem of decolonization and recolonization on the continent.
Indeed, decolonization was once, for Africans, heralded as a moment of radical potential and possibility to chart a new course outside the apparatuses of domination of the colonial empire.
This marked a period of transition to nation-states – and an expansion of an international community based on human rights and against the moral failures of colonial empires in terms of racism, dispossession and subjugation that characterized the colonialism.
Today, this concept of decolonization has been rendered meaningless, rendering ordinary Africans unable to address issues of self-determination, democratic governance and the complexities of modern world politics and, more importantly, the place of Africa in the concert of nations.
We have regimes that manipulate « nationalism » and « morality » to help the continent be « recolonized » under the pretext of fighting the former colonizer, France, when the real issues remain democracy, human rights and social justice.
So, at the CL2P/ICL2P, we ask these “decolonisers” to adopt greater humility – to resist the posture of the armed radical nationalist for the “good fight”. Instead, they should genuinely engage with African civil societies that are already on the real battlefield, so to speak: those who “do the work” of democracy, human rights and social justice in practice, but who have never been recognized until now.
The Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P / CL2P