Au sein de l’univers carcéral de Kondengui, il se passe un phénomène social caractérisé par la méchanceté. Les détenus condamnés à des lourdes peines d’emprisonnement pourrissent les conditions carcérales des prévenus. Des cas sont légions et interpellent vivement les autorités.
D’après une enquête bien fouinée, les 4837 détenus de la prison centrale de Yaoundé sont confondus dans les quartiers qui composent cet établissement pénitencier de haute sécurité. Un autre fait porte que les détenus prévenus représentent 75% de l’effectif carcéral tandis que les condamnés se comptent au bout des doigts. D’autres s’échappent mêmede cette situation pénale pour interjeter appel et revenir à l’état de prévenu. Cela n’est pas un secret pour personne. La situation de détenu prévenu dans nos prisons du Cameroun est due aux lenteurs judiciaires observées dans nos juridictions.
En dépit d’un rappel à l’ordre du Ministre de la justice et les commissions de droits de l’homme et des libertés, nos magistrats sont loin de sortir de cette auberge, causant ainsi d’énormes préjudices à ces camerounais qui bénéficient toujours de la présomption d’innocence. Ces abus vont jusqu’à conserver les individus dans cette situation de prévenu pendant 3, 4, 5 et 6 ans sans qu’une sentence ne soit dite dans son affaire. Les magistrats responsables de cet état de chose s’appuient sur le phénomène de la corruption, des pots de vin et des trafics d’influence. Dans cette optique, le dilatoire est observé dans le traitement des dossiers, les renvois fantaisistes s’appuyant sur la maitrise de la profession et du droit.
Certains ordres donnés par les personnalités aux magistrats pour garder les pauvres individus en prison. Comment comprendre le séjour de 03 ans de prévenu en prison pour enfin être relaxé pour faits non établis alors qu’il a déjà essuyé toutes les misères. Dans ce cas, que prévoit la loi en faveur du détenu prévenu ? Les avocats aussi rentrent dans le jeu et favorisent les multiples renvois pour monter leurs honoraires chez leurs clients on dirait que le séjour en prisons était un paradis terrestre.
Voici les différents conflits dans les rapports entre les détenus prévenus et les condamnés.
En dehors des prisonniers de luxe clients de l’opération Epervier et les timings du tribunal criminel spécial dont les déroulements des affaires dépendent du pouvoir en place, d’autres prisonniers ordinaires sont confondus dans les quartiers de la prison à l’exception du local des condamnés à mort. Les autres quartiers 1, 2, 3, 4, 5, 8, 9, 13 accueillent les détenus prévenus et condamnés sans exception. Mais selon certains témoignages concordants recueillis dans l’enceinte de la prison de Kondengui, les prévenus subissent des préjudices énormes allant dans la compromission de leurs dossiers judiciaires par les condamnés.
Les cas de violence ne manquent pas à ce rendez-vous malsain. Dans un même local que se partagent ces deux catégories de prisonniers, ceux qui trainent les lourdes peines d’emprisonnement n’entendent pas de cette oreille qu’un prévenu se vante de son séjour bref en prison pour avoir commis un délit mineur. Dans ce cas, soit on vous colle un autre motif en dépêchant des correspondances au parquet contre vous. Soit aussi, on monte d’autres prisonniers pour vous empoissonner par la nourriture, la cigarette ou votre lit. A la prison centrale de Kondengui, la vie des détenus prévenus reste en danger tant qu’ils continuent de cohabiter avec les autres qui pensent que leurs vies sont détruites et vouées à l’enfer.
Les curiosités du parquet et les pratiques de jalousie : A chaque matinée comprise entre lundi et vendredi, les détenus prévenus suivent avec attention la lecture du parquet et ceux qui font l’objet d’un mandat d’extraction pour se rendre devant les juridictions respectives. C’est le lieu de s’imprégner des différentes situations judiciaires des prévenus et leurs tribunaux. Pendant que les condamnés connaissent désormais leurs sorts, ils peuvent en aucun cas être contents d’apprendre le soir au retour du parquet que tel ou tel à été libéré. La même situation préoccupe à plus d’un titre la ration pénale que certains s’arrogent être les ayants droit. Ces condamnés sont les rois de la cour intérieure ils ont accès dans tout les quartiers à toutes les heures de circulation à l’intérieur de la prison.
Alex Zambo, L’Epervier