Les membres de la coalition « Tournons La Page » demandent à l’Union Européenne et la France de ne pas reconnaitre le processus électoral ayant conduit à proclamer Monsieur Idriss DEBY président de la République du Tchad.
La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), le 22 avril 2016, et le Conseil Constitutionnel tchadien, le 4 mai, ont annoncé la victoire au premier tour d’Idriss DEBY avec 61,56 % puis 59,92% des voix. Ces chiffres n’ont aucun fondement : depuis sa prise de pouvoir en 1990, le président Idriss DEBY n’a jamais été « élu » dans le respect des règles démocratiques.
Le processus électoral a été détourné pour aboutir au premier tour à un hold-up électoral en faveur d’Idriss DEBY, qui aurait été sans doute battu au second tour.
Une première phase de fraudes a consisté à manipuler le fichier électoral, malgré l’introduction de la biométrie. Puis, le jour du vote, son score a été artificiellement gonflé notamment au Nord, pour le rapprocher des 50% suite à l’éloignement des délégués de l’opposition, le bourrage des urnes et la falsification des procès-verbaux. Enfin, dans la troisième phase, les résultats ont été modifiés lors de leur compilation par la CENI, afin de le faire passer au-dessus de la barre des 50%.
Cette mascarade électorale qui s’est jouée dans un contexte d’atteintes à la liberté de la presse, de coupures téléphoniques et d’Internet, aggrave de façon perceptible la situation sociale et sécuritaire de la population civile du Tchad.
En manipulant le processus électoral, Monsieur Idriss DEBY a bafoué les engagements régionaux et internationaux signés par le Tchad, en particulier la « Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance » et la Déclaration de Bamako de l’Organisation Internationale de la Francophonie « sur le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace francophone ».
C’est pourquoi les membres de la coalition « Tournons La Page » demandent à l’Union Européenne et à la France de rejeter fermement les résultats de ce scrutin présidentiel frauduleux et non crédible.
Par ailleurs, ils les invitent instamment à :
• Dénoncer la répression – harcèlements, arrestations arbitraires, enlèvements – exercée par le pouvoir à l’encontre des activistes et militants de la société civile tchadienne, ainsi que des membres de l’opposition ;
• Réclamer toute la vérité sur les disparitions non élucidées depuis le 9 avril de plusieurs dizaines de militaires et policiers, qui ont refusé de se prononcer en faveur de Monsieur Idriss DEBY ;
• Soutenir les démocrates tchadiens dans leurs revendications en faveur de l’instauration de processus électoraux crédibles et transparents à tous les niveaux – fichier électoral, CENI, surveillance des bureaux de vote, rédaction des procès-verbaux, compilation des résultats à partir des procès-verbaux – respectueux des principes démocratiques.