Laoukein Kourayo Médard est toujours en garde à vue au commissariat de Moundou. Il a été interpellé jeudi soir à soir domicile, de manière musclée. Candidat à l’élection présidentielle en 2016, cet opposant résolu au président Déby, qui s’était hissé en troisième position en 2016, était le maire de Moundou. Il a été destitué le mois dernier.
Selon le substitut du procureur de la ville de Moundou, capitale économique du Tchad située dans le sud du pays, une enquête préliminaire est ouverte contre Laoukein Kourayo Médard sur des soupçons de détournements de fonds publics dans le cadre de sa gestion municipale.
L’opposant dénonçait des manœuvres du pouvoir, et le Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), plateforme regroupant les partis de l’opposition, dénonce une arrestation purement politique. Il demande la fin de la garde à vue immédiate de l’ancien élu local.
« Laoukein a arraché d’abord la ville de Moundou. Ensuite, on ne lui a jamais pardonné sa candidature à l’élection présidentielle. Parce qu’on lui a fait plusieurs propositions pour qu’il ne se présente pas », considère Mahamat Ahmad Alhabo, coordonnateur du Fonac interrogé par RFI.
« Dans la ville de Moundou, continue-t-il, le président Déby et le Mouvement patriotique du salut (MPS) ont obtenu un résultat minable. Ils ne lui pardonnent pas tout cela, parce qu’il tient tête au système et au pouvoir en place. Donc, on lui fait payer cela. Cette plainte n’est qu’un alibi. Ce sont des manœuvres. »
« On ne va pas rentrer maintenant dans des dialogues de sourds »
Selon le coordinateur de la plateforme de l’opposition, les autorités du pays « veulent tout simplement punir un chef politique de l’opposition ». « On n’a pas besoin d’envoyer des policiers et des gendarmes lourdement armés pour interpeller une personnalité comme Laoukein », fait-il remarquer.
Et Mahamat Ahmad Alhabo s’interroger : « Pourquoi cette mise en scène ? Pourquoi cette démarche agressive du pouvoir ? » Avant de contre-attaquer : « Qui a mis le pays en banqueroute totale ? Pourquoi on ne met pas ces gens-là en prison ? »
Pour Madeleine Alingué, porte-parole du gouvernement jointe par RFI, il faut cependant laisser la justice faire son travail : « Il y a des interprétations sur ce sujet-là, ce sont des interprétations. Mais la justice, comme elle a ses compétences et ses pouvoirs, nous devons la laisser aller jusqu’au bout. »
« On ne va pas rentrer maintenant dans des dialogues de sourds, ça ne sert absolument à rien, plaide Mme Alingué. Attendons la justice. Une audition a été menée, une plainte a été déposée. C’est la procédure normale. M. Médard est un Tchadien également, non ? Je crois que c’est très, très important de le dire. »
Par RFI