Les arrestations se succèdent après l’interpellation et la mise en examen de Laoukein Médard, ancien candidat à l’élection présidentielle tchadienne et ancien maire de Moundou, la capitale économique du pays. Lundi 7 août, l’un de ses neveux a été arrêté pour avoir confectionné des t-shirts à son effigie.
Le neveu de Laoukein Médard a été arrêté lundi matin à Moundou. Artiste-peintre et imprimeur, il avait imprimé les t-shirts de soutien à son oncle. Il a été arrêté dans son atelier, qui a été saccagé et vidé.
Cette nouvelle interpellation intervient dans un contexte très tendu, après l’arrestation de plusieurs sympathisants portant des t-shirts de soutien à l’ancien maire de Moundou. « En ville, quand on trouve une personne avec le t-shirt, on la déshabille », affirme Me Boniface Mouandilmadji, l’avocat de Laoukein Médard, joint par RFI.
Selon son témoignage, samedi, « ils [les forces de sécurité, NDLR] ont déshabillé des femmes qui portaient des t-shirts, même certains garçons qui étaient habillés avec ces tee-shirts ont été déshabillés. (…) Le samedi, on a en trouvé 360 torses nus. Ils nous ont dit qu’ils ont été dépouillés de leur t-shirt par la police ».
Et l’avocat de s’interroger sur les fondements juridiques qui servent de base à ces interpellations : « Je ne vois pas pourquoi on va les arrêter. Cela constitue quelle infraction ? Comment on peut qualifier ? Sous l’angle de quelle infraction ? »
L’ancien maire accusé de « détournements de biens »
Laoukein Médard – qui a été destitué de son mandat de maire de Moundo en juin dernier – a été interpellé le 13 juillet à son domicile. Il a été mis en examen le 16 juillet pour « détournements de biens » dans le cadre d’une information judicaire ouverte par la justice tchadienne sur la gestion de la mairie de Moundou entre 2012 et le début de l’année 2017.
Depuis son arrestation, la tension monte autour du cas Laoukein Médard. Son épouse affirme que son état de santé se dégrade en détention. Et, tandis que plusieurs de ses proches ont été interpellés en marge de l’enquête judiciaire, des cadres de l’opposition ont été empêchés de le rencontrer, ce week-end.
« Nous sommes en train de reculer trente ans en arrière. Il n’existe plus ce que l’on appelle une démocratie au Tchad. C’est lamentable », a jugé, lundi, le président du Parti national républicain (PNR), Mahamat Adoum, après avoir passé une nuit en cellule pour avoir agressé un militaire, selon le ministre tchadien de la Sécurité publique, Ahmat Mahamat Bachir.