Le président du Tchad, Idriss Déby, fait le signe de la victoire lors d’un rassemblement de campagne à N’Djamena, vendredi 8 avril.
Au bout de vingt-cinq ans, Idriss Déby n’a rien perdu de sa superbe. Dimanche, le président sortant du Tchad briguait un cinquième mandat à la tête de ce vaste pays d’Afrique centrale, qu’il a toutes les chances d’obtenir. IB Times, BBC
Depuis son arrivée au pouvoir, le 4 décembre 1990, à la faveur d’un coup d’Etat soutenu par la France pour chasser Hissène Habré, Idriss Déby n’a jamais cédé le moindre pouce de terrain face aux tentatives de déstabilisation.
Toujours en selle, il est confronté cette fois à treize candidats, dont l’ancien chef de gouvernement Joseph Djimrangar Dadnadji (janvier-novembre 2013) et l’ex-ministre Saleh Kebzabo. Un morcellement de l’opposition dont il escompte bien tirer parti pour s’accrocher à son fauteuil présidentiel cinq années de plus.
Idriss Déby, 63 ans, sait qu’il peut compter en outre sur le soutien des Occidentaux, qui ont fait de lui un partenaire incontournable dans leur guerre contre les islamistes – notamment de Boko Haram – au cœur d’une région troublée, percluse de conflits. AllAfrica.com
Un courroux qui n’est plus circonscrit à N’Djamena, la capitale, et aux villes du Sud, réputées frondeuses. Longtemps considéré comme acquis au pouvoir, le Nord, lui aussi, regimbe. En cause : le coût de la vie, l’austérité budgétaire et la corruption.
Autant d’obstacles qui alourdissent le fardeau des 13 millions d’habitants, dont la moitié vit sous le seuil de pauvreté et 70 % ne savent pas lire ou écrire.
Dans ce climat délétère, que peut-il advenir ? Pour le quotidien burkinabé Le Pays, « toutes les conditions semblent réunies pour une contestation postélectorale ». Et de conclure : « Ces Tchadiens qui manifestent ne sont pas de la génération des traumatisés de guerre que la peur a conquis. Ces Tchadiens sont ceux qui voient chaque jour sur internet, à la télévision, les luttes des autres pays pour plus de démocratie, plus de liberté et plus de justice. »
Par Aymeric Janier – LE MONDE