« Les partis politiques, membres du Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), condamnent et rejettent toutes les résolutions grossières, ridicules et fantaisistes » du Forum national tenu fin mars au Tchad, selon un communiqué transmis à l’AFP par le Fonac, principale plateforme de l’opposition regroupant une trentaine de partis d’opposition et créée en 2016.
Mardi, les participants au Forum national inclusif ont fait une série de préconisations en vue de l’instauration d’un « régime présidentiel intégral ». Les participants à cette rencontre, boycottée par l’opposition, se sont réunis du 19 au 27 mars pour se pencher sur les réformes institutionnelles impulsées par le président Idriss Déby Itno.
>>> A LIRE – Le Tchad en route vers un « régime présidentiel intégral »
Parmi les principaux points du texte adopté le 27 mars : la suppression du poste de Premier ministre ; un mandat présidentiel passant de 5 à 6 ans, renouvelable une fois ; le mandat des députés qui passe de 4 à 5 ans (les législatives, prévues en 2015, ont été repoussées plusieurs fois et devraient se tenir en 2018) ; la suppression du Sénat et une refonte des collectivités territoriales (de 23 régions à 17 provinces).
Autant de réformes profondes, qui marquent le prochain passage à un « régime présidentiel intégral » – pierre angulaire du projet de 4e République d’Idriss Déby Itno -, qui supposent la rédaction d’une nouvelle Constitution qui sera ensuite soumise à référendum.
« Pérennisation du pouvoir d’Idriss Déby »
Le Fonac considère que le pays traverse une série de « crises gravissimes », dont la résolution est « mille fois plus urgente et importante que la tenue de ce forum qui n’était qu’une fuite en avant et dont la finalité était connue d’avance : la pérennisation du pouvoir d’Idriss Déby, un pouvoir aussi néfaste que dangereux pour l’avenir du Tchad ».
Quelques apparences restaient, maintenant c’est un pouvoir sans partage
Idriss Déby, âgé de 65 ans, en est à son cinquième mandat, qui s’achèvera le 21 août 2021. Selon la nouvelle constitution, il pourrait se représenter en 2021 s’il le décidait et pourrait alors, théoriquement, effectuer deux autres mandats de six ans, jusqu’en 2033. « Quelques apparences restaient, maintenant c’est un pouvoir sans partage », a déclaré vendredi à l’AFP l’opposant Saleh Kebzabo, arrivé deuxième à la présidentielle de 2016.
Le Fonac, qui estime que ce Forum national inclusif a été « transformé en simple conférence des militants et sympathisants du MPS », le Mouvement patriotique du salut, parti d’Idriss Déby Itno, a réitéré son appel à la tenue d’un « dialogue inclusif ».