Test de fidélité et otages politiques au Cameroun monocratique
Beaucoup de Camerounais mal informés ou volontairement ignorants n’ont pas compris la réalité simple que est celle qui veut que ce soit la nature du pouvoir au Cameroun qui produit des prisonniers politiques et non l’inverse. Ainsi, si le pouvoir fonctionnait parfaitement au Cameroun, ils n’y aurait pas autant de prisonniers politiques dans le pays.
Par conséquent, l’existence même d’un régime autocratique et gérontocratique, dirigé par un homme de 85 ans entrain de prolonger indéfiniment au-delà de ses 36 ans de règne, est exactement l’explication même de la persistance d’une inégalité omniprésente et apparemment indéracinable dans le pays. Ces inégalités sont d’abord le produit de l’autocratie et non l’inverse.
Car le pouvoir autocratique, à son niveau le plus simple, exprime l’existence d’une structure sociétale hiérarchique qui agit au nom et au service de l’autocrate, et surtout au détriment de toute autre personne dont les croyances ou les comportements ne sont pas approuvés par lui.
Ainsi, la «production autocratique» est l’idée de base que l’oppression est structurée sur des niveaux multiples. D’abord il opère à travers les inégalités au niveau de la loi et de l’État, mais aussi à travers les foyers domestique, puis sur les lieux de travail. Il est soutenu par de puissantes normes culturelles et par le poids des traditions, l’éducation et même parfois la religion (notamment l’église catholique dans le cas du régime Biya). Il se reproduit donc sans cesse à travers ces normes et structures dominées par le monopole de l’autocrate sur la violence. La violence est le moyen par excellence de contrôle qui soutient l’autocratie en faisant de la politique un jeu à somme nulle. Un jeu à somme nulle qui sert à imposer un pays rigoureusement hiérarchisé sous forme monocratique. De plus, la nécessité d’imposer la hiérarchie imprègne brutalement toutes les strates dans ce pays.
Dans ce genre de système, malheureusement, seules les personnes ayant des tendances psychopathes ou sociopathes ont des chances réelles d’atteindre le sommet, parce que ce genre de système exige l’immoralité et une tolérance profonde à la dépravation des mœurs, où les gens ordinaires ne servent que de marchepied pour le pouvoir. Dans ce contexte, la figure des prisonniers politiques est l’une de « l’Homo Sacer ». C’est parce que les prisonniers politiques ne peuvent pas être directement tués, essentiellement parce que la communauté internationale ne tolère plus ce genre d’actes brutaux. Cependant ils peuvent être emprisonnés indéfiniment, parce que dans un régime qui exige une loyauté personnelle envers le président, ils sont précisément en prison pour une déloyauté alléguée au tyran. Par conséquent, la loyauté est le grand éléphant dans la pièce; et l’abus des droits, l’accès aux privilèges puis l’exclusion sociale découlent directement de là. Car dans ce genre de système, penser aux règles implique de penser à la loyauté, et c’est pour cela que les gens qui se montrent les plus habiles à la manipulation, à l’intrigue, à la couardise, la fourberie, et à la ruse sont les plus susceptibles d’atteindre le sommet de l’État.
Le CL2P comprend qu’il n’est pas rare que les politiciens réclament la loyauté, mais quand la loyauté l’emporte sur la force de caractère, le mérite, puis la compétence intrinsèques- Ou lorsque les demandes de loyauté exigent que vous excusiez l’inexcusable – alors il y a un problème. C’est ainsi que régime de Biya se révèle particulièrement toxique, comme ont pu en témoigner dans leurs publications respectives la plupart des prisonniers politiques au Cameroun, notamment Marafa Hamidou Yaya, Jean-Marie Atangana Mebara, ou Urbain Olanguena Awono, etc….
C’EST POURQUOI LE CL2P DIT ET REDIT: NON À UNE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, LE 07 OCTOBRE 2018, SOUS LA SÉQUESTRATION DE CONCURRENTS POLITIQUES LÉGITIMES AU RÉGIME DE PAUL BIYA.
Le CL2P reconnaît en cela que lorsqu’un système politique ouvertement monocratique réduit les gens ordinaires à n’être plus uniquement loyaux au président, il n’y a pas ou plus de possibilités de démocratie, mais la prévalence d’une monocratie où les gens perçus comme déloyaux sont classés comme des «ennemis de l’État» et éliminés de la compétition politique. Et même en ce qui concerne la loyauté, le régime de Biya a perdu depuis longtemps toute légitimité pour décider ou décréter qui est ou devrait être éligible à la présidence, qui est ou devrait représentatif de telle ou telle formation dite de l’opposition comme a récemment procédé son ministre de l’administration territoriale, Paul Atanga Nji.
Au fond, les Camerounais ordinaires ont besoin de repenser complètement les notions de citoyenneté et de loyauté en république; car ils ne peuvent décemment devoir leur loyauté à un régime ossifié et calcifié.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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English version
Loyalty Test and Political Hostages in Monocratic Cameroon
Many misinformed or willfully ignorant Cameroonians failed to understand the simple reality that it is power in Cameroon that produces political prisoners not the other way around. Thus, if power was functioning perfectly in Cameroon, they would not be political prisoners in the country.
Consequently, the very existence of an autocratic and gerontocratic regime, lead by a man of 85 years bent of extending his 36 years of rule indefinitely, is exactly the very explanation of the continued existence of pervasive, seemingly ineradicable inequality in the country. These inequalities are the product of autocracy and not the other way around.
Autocratic power, at its simplest, it conveys the existence of a hierarchical societal structure that operates on behalf of the autocrat and at the expense of anyone else whose beliefs or behaviors are not approved by the autocrats.
Thus, “autocratic production” is the basic idea that oppression is multilayered. It operates through inequalities at the level of the law and the state, but also through the home and the workplace. It is upheld by powerful cultural norms and supported by tradition, education and even religion. It reproduces itself endlessly through these norms and structures, which are dominated by the autocrat’s monopoly on violence. Violence is the means of control that sustain autocracy making politics a zero-sum game. A zero-sum game that serves to enforce a rigidly hierarchical country. More, the need to enforce the hierarchy brutally permeates every aspect of life there.
In that kind of system, unfortunately, only people with psychopathic or sociopathic tendencies tend to rise to the top because that kind of system requires immorality and a deep tolerance for depravity in order to drive it. Within that context, the figure of the political prisoners is one of the “Homo Sacer.” The political prisoners cannot be directly killed because the international community does no longer condone that kind of brutal acts but he can be imprisoned because in a regime that requires personal loyalty to the president, they are in prison, mostly, for perceived disloyalty.
Hence, loyalty is the big elephant in the room and entitlement, privilege and exclusion all flow from there. Thus, in that kind of system, thinking about rules involve thinking about loyalty and that is why people who are adept at manipulation and ruse are likely to rise to the top. The CL2P understands that that it is hardly unusual for politicians demand loyalty, but when loyalty trumps character or competence — or when demands for loyalty require that you excuse the inexcusable — then there is a problem. In the Biya’s regime, it is particularly toxic as most political prisoners in Cameroon, such as, Marafa Hamidou Yaya, Jean-Marie Atangana Mebara are testifying.
THIS IS WHY THE CL2P ARGUES THAT: NO TO A PRESIDENTIAL ELECTION, OCTOBER 07, 2018, UNDER THE SEQUESTRATION OF LEGITIMATE POLITICAL COMPETITORS AGAINST THE BIYA’S REGIME.
The CL2P recognizes that when an overtly monocratic political system socializes ordinary people to be loyal to the president, there are no possibilities of democracy but a monocracy where people perceived to be disloyal are classified as “enemy of the state.” Hence, with a narrow view of loyalty, the Biya’s regime has lost all kind of legitimacy to decide who is eligible for the presidency.
Therefore, ordinary Cameroonians need a complete rethink on notions of citizenship and loyalty and why they feel they owe their loyalty to an ossified and calcified regime.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P