Time is Up: 35 années et la malédiction des petites ambitions.
Par Olivier Tchouaffe, PhD, porte-parole du CL2P et Joël Didier Engo, président du CL2P
Avec l’imminence des élections qui se profilent, où le régime de Biya nous convie encore une fois de plus à faire de la figuration sans grande illusion sur le résultat final, nous sommes ainsi tous conscients que dans un pays sans véritable séparation des pouvoirs, les compétitions politiques sont donc toujours truquées d‘avance. Ceux ou celles qui représentent une réelle menace pour le régime en place sont désormais soit en exil, soit en prison. Mais la volatilité et le risque de violence post-électorale sont d’autant plus élevés cette fois-ci, en particulier, du fait notamment du groupe terroriste Boko Haram opérant en toute impunité dans le nord du pays, puis de la rébellion anglophone dans les régions du sud et du nord-ouest. Il va s’en dire malgré cela que le régime de Yaoundé s‘apprête déjà à gagner haut la main y compris dans ces régions en état de guerre civile, avec comme d’habitude un score frôlant les 90% des voix. Car l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs.
Pourtant une telle configuration politique marquée à la fois par les affrontements armés, la crise économique, l’incertitude politique, et l’anxiété sociale aurait pu être assombrir un avenir aussi incertain et inconnu. Que non ! Au Cameroun cet état de fait informe davantage sur la manière dont la politique est conduite ici, c’est-à-dire avec un sens sans pareil de cynisme profond et de perte de tous les repères moraux. Un système en essence dominé par la peur et la lâcheté, y compris quand le courage et la dignité sont requis. Dans ce climat malsain, prévaut aussi une crise de la connaissance, un manque de savoir faire basique et d’expertise, notamment en matière de recherche, d’interprétation, et de réflexion des catastrophes s’enchaînent, dans un désaccord social profond qui n’augure rien de bon sur à la résolution pacifique et à court terme des conflits dans notre république où le président est réduit à gérer du statu quo, caractéristique d’un » pays de merde ».
En effet, Biya fait partie du club des bons à rien, des dirigeants africains qui ne délivrent et n’apportent absolument (plus) rien à leurs peuples, mais les enfoncent davantage, les font chuter sans cesse dans les différents indices de développement humain, dans une spirale de la régression indéfinie. Ce sont ceux-là qui ont eu l’audace de permettre à Trump d’insulter l’Afrique et les Noirs en général. Un homme sain d’esprit aurait déjà abandonné le pouvoir depuis. Mais pas dans une plantation néocoloniale biopolitique déguisée en État-nation moderne comme le Cameroun, Biya s’y accroche. Pris ensemble, cependant, l’Afrique croule de la sorte dans une crise d’identité qui viole littéralement les âmes des Africains.
Avec ces mises en garde: Quel pourrait être notre modeste contribution dans tout ce bazar?
Il y a des moments dans la vie où la conscience politique devrait l’emporter sur le narcissisme; l’ego surdimensionné, et où les conneries si récurrentes à notre société ne peuvent plus être passées sous silence et considérées « normales ». Des moments où nous réalisons tous que des décennies de révisionnisme politique et de faux consensus, d’immutabilité, de paralysie statique, et de pouvoir à perpétuité ne fonctionnent plus. Des moments où les choix politiques sont criminalisés et les personnes qui veulent le changement criminalisées.
Pris dans leur ensemble, ces comportements autoritaires sont associés au manque d’empathie générale et à la malédiction des faibles ambitions avec leurs résultats politiques perpétuellement médiocres. Bien sûr, nous attendons encore et encore les mêmes échecs politiques et sommes scandalisés que le régime gérontocratique de Yaoundé, au pouvoir depuis 35 ans, dirigé par un homme de 85 ans, n’attende plus rien des Camerounais ordinaires, et ne s’encombre même plus avec leurs opinions. En effet, la malédiction des petites ambitions et des résultats médiocres conduit les Camerounais ordinaires à un manque d’estime de soi, à la haine de soi, et désormais à la violence.
Car ces projections d’anticipations négatives et faibles sont portées par des stéréotypes et des formes de répression intériorisées, enracinées dans une pratique coloniale et néocoloniale de domination et d’autorité hiérarchique, introduite par des maîtres coloniaux et néocoloniaux détenant leur pouvoir par l’asservissement de gens ordinaires jugés inférieurs. En cela le régime trentenaire de Biya est un symptôme, une pustule révélant un malaise néocolonial profond, mis en place depuis belle lurette.
Où allons-nous à partir d’ici?
La réalité est que lorsque les dirigeants ont et affichent constamment de faibles attentes au sujet de leurs propres peuples, cette attitude défaitiste et cynique se transforme en une prophétie auto-réalisatrice. C’est pourquoi nous nous rebellons contre un état d’esprit culturel qui, au cours des 35 dernières années, a tordu nos objectifs et nos espoirs légitimes en quelque chose de très différent de ce qu’ils pourraient et auraient dû être. Notre soulèvement pacifique ne sera pas marqué par des émeutes de masse et la violence, mais par des millions de Camerounais ordinaires qui choisissent tranquillement de renverser les faibles attentes de notre culture de la soumission voire de la résignation. Parce que nous choisissons de suivre un autre chemin, marqué par l’acquisition des connaissances propres et la préservation d’une intégrité morale intacte.
Olivier Tchouaffe, PhD, porte-parole du CL2P et Joël Didier Engo, président du CL2P
English version
Time is Up: No to 35 More years of the Curse of Low Expectations.
By Olivier Tchouaffe, PhD, Spokesperson of the CL2P and Joel Didier Engo, President of the CL2P
In the upcoming sham election the Biya’s regime is again pushing on us, we are all aware that, in a place with no real checks and balances, with the knowledge base that all political competition is always rigged and the real threat to the regime are either in exile or jailed. The volatility and the risk of electoral violence is high, particularly, with Boko Haram operating with impunity in the North of the country and the Anglophone’s rebellion in the south and north west regions bringing together notions of politics, uncertainty and anxieties, therefore, not much cause for hope and the reality of an unknown future.
How, this state of affairs inform on the ways politics are conducted in Cameroon which is with a sense of profound cynicism and loss. A system dominated by fear and cowardice when courage and dignity are required. In the process, highlighting the necessity to address a permanent crisis of knowledge and evidence driven expertise, research, interpretation, reflection, social agreement and management of disaster in our beautiful country where the president is reduced to be the figurehead managing the status quo in a shithole regime. Indeed, Biya is part of the club of good for nothing-African leaders that delivers nothing to its people but drag them down. They give Trump audacity to insult Africa and black people in general. A sane man would have quit but not in a biopolitical neo-colonial plantation masquerading as a modern nation-state. It is understood that the Yaoundé regime, nevertheless, is already preparing to win in these regions in a state of civil war with 90% of the votes. The victors always write history.
Taken together, however, Africa has an identity crisis that is raping the souls of Africans.
With this caveat in place: What is our own role in all of this mess?
There are moments in life when political consciousness trumps narcissism and bullshit can no longer be sanitized. Moments where decades of political revisionism and fake consensus, immutability, static paralysis and power in perpetuity no longer work. Moments where political choices are criminalized and people who want change criminalized.
Taken together, how these authoritarian behaviors are associated with lack of empathy and the violence of low expectations and poor political outcomes. Of course, we expect more than the same political failures over and over again and are outrage that the gerontocratic regime of Yaoundé in power for the last 35 years lead by a man of 85 years of age keeps expecting less of ordinary Cameroonians. Indeed, the curse of low expectations is consigning ordinary Cameroonians to low-self-esteem, self-hatred and violence.
Indeed, these projections of negative and low expectations are driven by stereotypes and forms of internalized repression embedded in a colonial and neo-colonial practice of domination and hierarchical authority led by colonial masters deriving their power through the subjugation of ordinary people deemed to be inferior. The Biya’s regime is a symptom, a pustule revealing a long overdue neocolonial malaise.
Where do we go from here?
It is a reality that low Standards and Expectations associated with fake leaders who have low expectations about their own people always turned into a self-fulfilling prophecy. This is why we are rebelling against a cultural mindset that, for the past 35 years, has twisted our rightful purposes and hope into something far different than what it could be. Our uprising will not be marked by mass riots and violence but by millions of ordinary Cameroonians quietly choosing to turn the low expectations of our culture upside down because we are finding our own path with our own power, knowledge and integrity.
Olivier Tchouaffe, PhD, Spokesperson of the CL2P and Joel Didier Engo, President of the CL2P