Au Niger, l’opposant Hama Amadou a été condamné à un an de prison ferme, ce lundi 13 mars, à Niamey. C’est le délibéré prononcé par les trois juges de la Cour d’appel qui a jugé l’affaire dite des « bébés nigérians ». L’ex-ministre de l’Agriculture, Abdou Labo, a lui aussi été condamné à un an de prison ferme, alors que plusieurs autres accusés ont écopé de 5 ans de prison. Le procès s’est déroulé en l’absence du principal accusé, Hama Amadou, et de ses avocats qui ont boudé l’audience.
Les trois juges de la Cour d’appel ont mis quatre heures de temps pour vider le dossier de l’affaire dite de « supposition d’enfants » nigérians.
Les 28 accusés, présents à la barre, et Hama Amadou, absent du jugement, ont tous été reconnus coupables de « supposition » et « recel » d’enfants. Ils ont tous écopé d’un an de prison ferme. Les agents de l’Etat civil, reconnus d’avoir fait des déclarations mensongères et usage de faux dans l’établissement des actes de naissance des bébés du Nigéria, ont également été condamnés à cinq ans d’emprisonnement chacun.
Quant au principal intermédiaire – le rabatteur, selon le procureur – celui qui a convoyé toutes ces femmes au Nigeria pour leurs supposés accouchements, a été condamné à 5 ans d’emprisonnement.
Les avocats n’assistent pas à l’audience
Le procès a duré toute la journée et s’est déroulé en l’absence des avocats des prévenus. Ces derniers ont, en effet, demandé la suspension de séance pour saisir la Cour constitutionnelle sur le cas de la citation à comparaître de l’opposant Hama Amadou qui se trouve toujours en France. Les avocats estiment qu’Hama Amadou n’a pas été convoqué dans les règles de l’art. La cour a refusé leur demande de report, ce qui a conduit la quinzaine d’avocats présents à quitter l’audience.
En l’absence de leurs avocats, les prévenus ont refusé de répondre aux questions du juge. Seules deux femmes ont accepté de témoigner et de dire leur part de vérité à la barre.
Sans ambages, elles ont retracé l’itinéraire des allers et retours dans le sud du Nigeria, dans une clinique privée. A la barre, il a été démontré, par ces témoins, les centres de réseaux de trafic de bébés dans le sud du Nigeria, avec ses ramifications au Niger.
Moyennant 5 millions de francs CFA, plusieurs de ces femmes se sont procuré des bébés à la clinique privée de Mme Happiness, la patronne du réseau nigérian, dans la localité de Ore, dans le sud du Nigeria.
Joint par RFI, maître Boubacar Mossi, l’un des avocats de Hama Amadou, la condamnation prononcée n’en demeure pas moins illégale. Les avocats de Hama Amadou ont annoncé vouloir se pourvoir en cassation.
Des peines de prison de cinq ans ont été retenues contre des agents d’état civil nigériens accusés d’avoir établi de faux actes de naissance.
■ Bientôt l’épilogue après 3 années d’un véritable feuilleton politico-judiciaire
Le scandale éclate il y a 3 ans. Hama Amadou est alors président de l’Assemblée nationale. La rupture avec le président Issoufou est déjà consommée.
A ceux qui estiment que ce trafic d’enfants est particulièrement grave, qu’il ne saurait être question d’impunité dans ce dossier, les partisans de Hama Amadou répondent en dénonçant dès le début « une justice aux ordres, les arrière-pensées politiques, l’acharnement ».
En août 2014, alors qu’il apprend qu’il va être arrêté, Hama Amadou prend la fuite pour Ouagadougou, Bruxelles puis Paris. Candidat à la présidentielle, il décide de rentrer au pays. A son retour d’exil le 14 novembre 2015, il est aussitôt arrêté et écroué. Sa candidature n’est pas invalidée pour autant car il reste présumé innocent. Image peu commune d’un candidat en cellule. Hama Amadou se qualifie pour le second tour. Nouveau rebondissement : le 16 mars 2016, entre les deux tours, la justice nigérienne autorise son évacuation d’urgence en France pour raison de santé. Depuis, le leader de l’opposition n’est toujours pas rentré au Niger.eee