Au Burkina et maintenant en Guinée Bissau nous sommes clairement face à des coups d’État impopulaires, menés par des officiers qui s’engouffrent dans une brèche ouverte par leurs homologues des États voisins, pour renverser des chefs de l’État à la légitimité incontestable, arrivés au pouvoir au terme d’élections transparentes et ouvertes.
Face à ces ruptures brutales et inconstitutionnelles des mandats légitimes, il faut être inflexible en exigeant unanimement leur rétablissement.
Sinon c’est tout le processus démocratique et les longues années d’imprégnation à la culture de l’alternance qui seront à jamais perdus dans ces pays.
Ce n’est certainement pas cela l’aspiration première des peuples dont se réclament les différents putschistes.
JDE
[spacer style="1"]
Guinée-Bissau: tirs autour du palais du gouvernement, la Cédéao condamne une «tentative de coup d’État»
La situation est très confuse, ce mardi 1er février 2022, à Bissau. Des tirs ont été signalés dans le centre-ville près des institutions du pays. Des détonations qui ont provoqué un début de panique. La Cédéao condamne une « tentative de coup d’État ». Selon l’agence de presse Lusa, les militaires sont entrés dans le palais du gouvernement vers 17h20 (heure locale), les membres du gouvernement ont été libérés. Beaucoup d’incertitudes entourent la situation du chef de l’État et de celui du gouvernement, mais une bonne source a assuré à RFI avoir pu parler avec le président Sissoko Embalo qui lui a déclaré qu’il se portait bien.
Des tirs d’armes automatiques se sont fait entendre en début d’après-midi autour du palais du gouvernement, en plein Conseil des ministres extraordinaire. Il réunissait le président de la République, Umaro Sissoco Embalo, le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam et le reste du gouvernement. La séance a été interrompue.
Depuis que la nouvelle s’est répandue, c’est la débandade dans le centre-ville. Les écoles sont fermées et les enfants sont rentrés chez eux.
C’était la panique générale en ville. […] Tout le monde est rentré.
Guinée-Bissau: tirs autour du palais du gouvernement, un habitant témoigne
Sébastien Németh
Beaucoup de mouvements de militaires ont été constatés dans la capitale bissau-guinéenne. Des cordons armés ont été déployés autour de certains bâtiments officiels.
Les militaires sont rentrés vers 17h20 dans le palais du gouvernement à Bissau et ils ont ordonné la sortie des membres du gouvernement qui y étaient, selon l’agence de presse portugaise Lusa, qui cite une source gouvernementale, sans que l’on sache toutefois où se trouvent le président Embalo et le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam.
Lusa fait état d’au moins quatre blessés dont un en état grave, citant une source de l’hôpital Simão Mendes, à Bissau.
La Cédéao condamne une « tentative de coup d’État »
Dans un communiqué publié quelques heures après les tirs de feu, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest « condamne cette tentative de coup d’État et tient les militaires responsables de l’intégrité physique du président Umaro Sissoco Embalo et des membres de son gouvernement ».
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres appelle à la « fin immédiate » des « combats violents » à Bissau et au « plein respect des institutions démocratiques du pays », indique le communiqué.
Condamnation également du gouvernement portugais : « Nous condamnons l’attaque contre le palais du gouvernement à Bissau et nous appelons à la fin immédiate de cette action violente contre le président et le gouvernement de Guinée-Bissau. L’ordre constitutionnel doit être respecté par tous », écrit le ministère portugais des Affaires étrangères dans un tweet.
Des événements qui interviennent après un remaniement
Ces incidents interviennent quelques jours après un remaniement gouvernemental décidé par le président de la République Umaro Sissoco Embaló, qui a été contesté dans un premier temps par le parti du Premier ministre Nuno Gomes Nabiam. Par la suite, le chef de l’exécutif a toutefois déclaré qu’il était d’accord avec le remaniement.
Les rapports entre le président de la République et l’exécutif ont été marqués ces derniers mois par un climat de tension qui s’est aggravé avec l’affaire de l’avion Airbus A340 qui avait atterri à Bissau en octobre dernier en provenance de Gambie avec l’autorisation de la présidence.
Parmi les personnes qui ont quitté récemment l’exécutif, l’ex-secrétaire d’État de l’Ordre public Alfredo Malu, qui avait affirmé ces derniers jours que son éloignement de l’exécutif était en lien avec l’affaire du mystérieux avion, tout en soulignant qu’il s’était limité à appliquer les ordres du Premier ministre en mettant à disposition des agents de la police pour accompagner des experts nord-américains qui ont inspecté l’avion.
Concernant l’avion Airbus A340, le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam avait commencé par déclarer qu’il aurait atterri à Bissau de manière illégale, avec à son bord un chargement suspect. Mais quelques jours après, devant les parlementaires, il avait indiqué qu’une expertise qu’il avait diligentée avait conclu qu’il n’en était rien, sans donner plus d’explications.