Tyrannie et vie privée au Cameroun : Sur la vulgarité et l’obscénité au pouvoir
Le CL2P est conscient que ses opposants et les sycophants du régime de Yaoundé vont se plaindre que nous prêtons trop d’attention à la « vie privée » d’un citoyen camerounais ordinaire, mais il faut reconnaître que dans une dictature comme le Cameroun, il n’y a pas de vie privée parce que, dans un état d’exception permanent où le pouvoir est la possession personnelle du tyran, le gouvernement se donne le pouvoir à tout moment de s’immiscer dans notre vie privée.
En effet, lorsque nous permettons d’être tyrannisés par un dictateur, qui jouit pour cela de larges pouvoirs presque de micro gestion et de coercition, qui contraignent la population à travers des règles inconstitutionnelles propres aux États non-démocratiques comme le Cameroun, imposent aux citoyens et aux prisonniers politiques puis à la population des régions anglophones du pays d’être en permanence soumis à un état d’exception et à des règles militaires, en réalité nous sommes tous sous la coupe d’une dictature de plein exercice.
Aussi dans une démocratie, le pouvoir appartient à tout le monde parce que le citoyen est souverain. Alors que dans une dictature, le pouvoir est privatisé entre les mains du dictateur, faisant du dictateur le souverain qui a pratiquement droit de vie et de mort sur nous tous.
Dans cette optique, parler de vie privée est une grosse connerie, du pur « bullshit » de la part de personnes qui ont un besoin urgent de redescendre sur terre!
Pour rappel: ce pays est plongé dans deux guerres civiles, dont une déclarée par l’époux et père despote de ces dames aux ressortissants des deux régions anglophones, qui a déjà fait 13 000 morts civils, plus de 700 000 déplacés, et autant de réfugiés à l’étranger.
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Dans ce contexte particulier la vulgarité voire l’obscénité renvoyée par les images prises au Palais de l’Unité confirme le peu de cas qui est en réalité fait au sommet de l’État du Cameroun de toutes ces vies humaines prématurément liquidées, et de toutes les autres en état de mort sociale très avancée.
C’est aussi cela l’inhumanité systémique d’une dictature!
Celle d’une dictature qui conçoit et assume la Nation comme une propriété privée du dictateur. Une privatisation de la nation qui renvoie la définition du Cameroun comme État moderne caduque.
En effet, dans l’environnement totalitaire camerounais, cette notion de nation ne peut pas être désarticulée de la personne du dictateur et du pays lui-même. Cette lutte interminable pour définir puis établir un État-nation moderne au Cameroun est due en partie au processus de consécration de l’ethnie pour imposer l’État ethno-national, remettant en question la notion selon laquelle l’autodétermination sous la forme d’un État-nation est un processus libérateur.
En principe les États-nations démocratiques et modernes sont censés libérer les citoyens, parce qu’ils sont pensés pour être gouvernés par « le peuple » et pour « le peuple ». Mais si « le peuple » est réduit à « l’ethnie », par le biais de l’État lui-même et des projets d’ethnicisation mis progressivement en place à travers notamment l’autochtonie et l’allogénie institutionnelle, la formule de la citoyenneté souveraine pour tous est peu ou plus libératrice. Au lieu de cela, l’autodétermination devient une forme d’auto-élimination, rétrécissant les formes possibles de citoyenneté à l’ethnie; rendant la souveraineté politique impossible comme les Camerounais anglophones le découvrent à leurs dépens sous des massacres parrainés par l’État.
De plus, l’état de droit dépend non seulement du texte de la loi, non seulement des institutions, mais aussi du sentiment de bonne foi des acteurs. Et le régime de Yaoundé n’a aucune bonne foi. Il ne fait aucun doute que ce régime restera dans l’histoire comme ayant particulièrement été sans foi ni loi, plus fondamentalement ethno-fasciste.
C’est pourquoi la CL2P soutient que le régime tyrannique de Yaoundé est trop déconnecté de la réalité, trop dépendant de la surveillance et de la répression, et aura coûté bien trop cher à la collectivité toute entière pour manquer ou être regretté, y compris par ses plus fervents soutiens du moment. Son échec retentissant aujourd’hui presqu’irréversible, laisse néanmoins entrevoir – quel que soit le politicien camerounais qui se présenterait à la magistrature suprême – le triomphe final de la démocratie dans ce pays. Parce que les mentalités, bien que paraissant parfois rétrogrades, sont prêtes au changement démocratique; et l’arc de l’univers certes souvent long finit toujours par plier vers la Justice.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
Tyranny and Private Life in Cameroon: On vulgarity and obscenity in power
While the CL2P is aware that its naysayers and the regime of Yaoundé’s sycophants are going to complain that we pay too much attention to the “private life” of an ordinary Cameroonian citizen, we must acknowledge that in a dictatorship such as Cameroon, there are no private life because, in a state of exception where power is the personal possession of the tyrant, the government gives themselves the power to intrude into our private lives.
This is because when we allow ourselves to be tyrannized by a dictator, who enjoy broad powers of micromanagement and coercion that constrain the population by rules that are unconstitutional for democratic states to impose on citizens and political prisoners and population in the Anglophone regions of the country subjected to a state of exception and military rules, we are indeed subject to dictatorship at work.
Hence, in a democracy, power belongs to everyone because citizen is sovereign, in a dictatorship, power is privatized into the hands of the dictator making the dictator the sovereign who has power of life and death over the people. In this sense, to talk about private life is bullshit for people in dire need of a reality check.
Reminder: this country is plunged into two civil wars, including one declared by the husband and father of these ladies’ despot to nationals of the two English-speaking regions, which has already caused 13,000 civilian deaths, more than 700,000 displaced people, and as many refugees abroad.
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All the vulgarity even obscenity returned by these images confirms the little case which is actually made at the top of the State of Cameroon of all these prematurely liquidated human lives, and of all the others in a state of very advanced social death.
This is also the systemic inhumanity of a dictatorship!
The dictatorship that assumes the nation as a private property of the dictator. A privatization of the nation that render the definition of Cameroon as a modern-nation state caduque. This is because that notion of the nation cannot be at once disarticulate from the person of the dictator and at the same time conflate nation with the dictator. This struggle over defining a modern-nation state is due in part of the process of producing the ethnos for the ethno-national state that calls into question the notion that self-determination in the form of the nation-state is a liberating process.
Modern democratic nation-states are meant to liberate citizens because they are understood to be ruled by “the people” and for “the people.” But if “the people” are reduced to the “ethnos,” as the state and its projects, then there is little liberating about the formula of sovereign citizenship for all. Instead, self-determination becomes a form of self-elimination, narrowing the possible forms of citizenship to the ethnos making political sovereignty impossible as the English-speaking Cameroonians are finding out through state sponsored massacres.
More, the rule of law depends, not just on the text of the law, and not just on institutions, but also on some feeling of good faith by the players. And the regime of Yaoundé has no good faith. There is no question that this regime will go down in history as lawless, as fundamentally ethnofascist.
The Cl2P recognizes, however, that the tyrannical regime of Yaoundé is too out of touch, too reliant on surveillance and repression and far too expensive to be missed. Its failure ensured that whichever Cameroonian politician that might come along, democracy would endure in that country because the arc of the universe might be long but it bends towards justice.
The Committee For The Release o Political Prisoners – CL2P