Un dictateur peut-il être heureux?
Par Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
Après plus de 13 000 morts civils, 700 000 déplacés et autant de réfugiés hors des frontières du Cameroun, le régime Biya découvre visiblement que la guerre qu’il a déclarée et continue de mener aux ressortissants anglophones du pays aurait plongé les deux régions dans une crise humanitaire sans précédent, au moment même où l’ONU envisage précisément de mettre en place des corridors humanitaires.
Le mensonge en tyrannie aura toujours de très courtes jambes.
Vous finirez tous individuellement par répondre de vos crimes contre l’Humanité, en dépit de la protection honteuse que vous assure la diplomatie française au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Toutes ces tristes nouvelles renforcent l’idée que la reconnaissance, la vie, la liberté, et la recherche du bonheur sont la pierre angulaire de la démocratie.
La constitution américaine, qui est l’une des meilleures au monde, reconnaît que ces éléments importants sont nécessaires à une démocratie productive. “La vie, la liberté et la poursuite du bonheur” est une expression bien connue dans la Déclaration d’indépendance des États-Unis. L’expression donne trois exemples des “droits inaliénables” qui, selon la Déclaration, ont été accordés à tous les humains par leur créateur, et que les gouvernements sont créés pour protéger.
Ainsi, le bon gouvernement est celui qui pratique le bonheur et qui a le pouvoir et la capacité de fournir et de protéger les conditions d’une bonne vie qui est le plus grand bien de toute l’humanité. Par conséquent, selon la Déclaration, la qualité étendue du bonheur – ce que nous pourrions appeler la vie bonne ou florissante – est ou devrait être la préoccupation principale du gouvernement. Cela signifie qu’il ne s’agit pas seulement de mon bonheur en particulier défini de manière idiosyncrasique, mais du bonheur de tous les citoyens. Cela implique que, selon les pères fondateurs américains, la recherche du bonheur a une profonde ramification dans les politiques publiques et la justice sociale.
C’est une alternative radicale à ce qu’Achille Mbembe appelle la « tyrannie intime ».
En effet la tyrannie intime est une forme de bonheur hédoniste, une émotion fugace et une cible mouvante, dictée par des choses, des événements ou d’autres personnes, toutes extérieures à nous-mêmes. Au lieu de cela, les pères fondateurs avaient probablement à l’esprit le concept plus profond du sens, combinant la recherche de la bénédiction, du salut arrimés au pouvoir du logos.
La constitution américaine montre qu’être dictateur est une malédiction persistante qui essaye de combler un vide qui ne pourra jamais être comblé. Précisément comme Paul Biya le démontre amplement depuis 37 ans. Au fondt les dictateurs même s’ils aiment être considérés et se présenter comme infaillibles, sont en fait ceux qui commettent des erreurs les plus catastrophiques et creusent leurs propres tombes avec l’aide de leurs sycophantes du genre MEON et Atanga Nji au Cameroun.
Car la sale guerre que poursuit Paul Biya au Cameroun anglophone n’est que la manifestation d’une irrésistible tyrannie des normes d’un état en permanence d’exception. C’est le parfait produit du nazisme ou du fascisme bureaucratique qui se déchaîne sans aucune retenue, ce que Achille Mbembe appelle les « Nécropolitiques».
Cela explique pourquoi les dictateurs ne peuvent jamais montrer aux peuples qu’ils reconnaissent les erreurs fondamentales de leur politique et s’entêtent aveuglement dans des escalades meurtrières qui peuvent emprunter – comme ici au Cameroun anglophone – la voie d’un véritable génocide lent et silencieux. C’est aussi cette incapacité d’autocritique et de repentir qui les rendent à jamais inéligibles et monstrueux. Parce que leurs excuses doivent être profondes et réelles pour ouvrir une réelle possibilité de reconstruction sociale productive et de paix définitive.
Il faut impérativement reconstruire le pays comme une grande église. Pour cela c’est à nouveau le mérite, et non les passe-droits les sycophantes de la secte ethnofaciste, qui doit stimuler la promotion publique. À l’échelon de l’administration locale – où les ressources sont limitées – cela exige que la ligne de démarcation entre ce que le gouvernement peut faire et ce qu’il ne peut pas soit d’emblée clairement établie et visible. Pour cela l’agenda politique doit faire preuve de flexibilité et non de rigidité.
Au fond la tâche primordiale qui nous incombe est de mettre sur pied un nouveau leadership, à même de montrer qu’il a suffisamment l’imagination et la compétence nécessaires pour traiter les problèmes urgents auxquels le pays est confronté, lui-même libéré du dogme ethno-fasciste qui a condamné cette république finissante depuis le début.
Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
English version
Can a dictator be Happy?
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
After more than 13,000 civilian deaths, 700,000 displaced people and as many refugees outside Cameroon’s borders, the Biya regime clearly discovers that the war which it has declared and continues to wage against the English-speaking nationals of the country would have plunged the two regions into an unprecedented humanitarian crisis, at the very moment when the United Nations is precisely planning to set up humanitarian corridors.
Lying in tyranny will always have very short legs.
You will all end up individually answerable for your crimes against Humanity, in spite of the shameful protection which French diplomacy gives you within the Security Council of the United Nations.
All of this sad news reinforces the idea that recognition, life, liberty, and the pursuit of happiness are the cornerstone of democracy. The American constitution which is one of the best in the world recognizes these important items are necessary for a productive democracy. “Life, Liberty and the pursuit of Happiness ” is a well-known phrase in the United States Declaration of Independence. The phrase gives three examples of the “unalienable rights” which the Declaration says have been given to all humans by their creator, and which governments are created to protect.
Thus, the good government is the one that practices happiness and have the power and ability to deliver and protect the conditions for the good life which is the greatest good for all of humanity. Hence, according to the Declaration, the extended quality of happiness — what we might call the good or flourishing life — is or should be a primary concern of government. That means it isn’t just about my happiness, especially idiosyncratically defined, but about all citizens’ happiness. It means that in the American’s founder’s understanding, the pursuit of happiness has profound ramification to public policy and social justice.
Therefore, a radical alternative to what Achille Mbembe calls “intimate tyranny.”
Intimate tyranny is a form of hedonistic happiness, a fleeting emotion and moving target, dictated by things, events, or other people, all external to ourselves. Instead, the founding most likely had in mind the deeper concept of meaning, combining the pursuit of blessedness and logos.
The American’ s constitution shows that being a dictator is a curse which is trying to fill up a void that can never be filled up. Instead. As Paul Biya amply demonstrates, dictators, even though they like to be thought as infallible, are the ones making catastrophic mistakes and digging their own graves.
In this case, war is just the manifestation of the tyranny of the norms of a state of exception. It is the product of bureaucratic Nazism or fascism run amok that Achille Mbembe calls “Necropolitics.” An expression of disillusionment and human right organizations, such as the CL2P, is opening up spaces to think and protest against these forms of nihilistic politics.
That explains why dictators can never show the people that they recognize the fundamental errors of policy and character that made them unelectable in the first place. Their apologies need to be profound and real for a real chance at productive social reconstruction. It needs to rebuild the country as a broad church. Merit, not ethnofacist sect, needs to drive promotion. More in local government – where more is being done with less resource – needs to be an emblem of what the government can do. And the policy agenda needs to show flexibility not rigidity.
The overriding task is a new leadership to show that it has the imagination and competence to address urgent issues facing the country, free of the dogma that doomed our republic from the beginning.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P