Il avait disparu depuis plusieurs semaines, au Mali. Le journaliste français indépendant Olivier Dubois, qui travaille habituellement pour Le Point Afrique et Libération, serait en vie, mais désormais aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), branche locale d’Al-Qaida. C’est en tout cas ce qu’il affirme dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, dans la nuit du 4 au 5 mai, et dans laquelle il appelle à l’aide les autorités françaises.
Dans cette vidéo, Olivier Dubois affirme avoir été enlevé, le 8 avril, à Gao, dans le nord du Mali. Selon nos informations, il devait interviewer un cadre du GSIM. La vidéo diffusée est en cours d’authentification.
« Nous confirmons la disparition au Mali d’Olivier Dubois. Nous sommes en contact avec sa famille ainsi qu’avec les autorités maliennes. Nous procédons aux vérifications techniques d’usage », a déclaré, mercredi, le Quai d’Orsay au Monde.
De son côté, Reporters sans frontières (RSF) souligne que « c’est un coup extrêmement dur porté au journalisme. Les groupes armés continuent à avancer, mais le journalisme et l’information reculent. Plus d’une semaine après l’assassinat des deux journalistes espagnols au Burkina Faso et huit ans après l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon au nord du Mali, l’enlèvement d’Olivier Dubois montre qu’il est toujours aussi difficile et dangereux de couvrir cette région du monde », précise Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.
Premier otage français depuis octobre 2020
Il n’y avait plus d’otage français dans le monde depuis la libération en octobre 2020 de Sophie Pétronin, une septuagénaire enlevée près de quatre ans plus tôt, par des hommes armés à Gao également, où elle vivait et dirigeait, depuis des années, une organisation d’aide à l’enfance.
Mme Pétronin avait été libérée en même temps que l’homme politique malien Soumaïla Cissé, mort depuis, et que deux Italiens, Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli, également enlevés par des djihadistes. Malgré des conjectures persistantes, le gouvernement malien n’a jamais confirmé le paiement d’une rançon, en plus de la libération de 200 prisonniers, dont un certain nombre de djihadistes, contre la liberté de ces quatre otages.
En octobre 2020, la Suisse avait été informée que le GSIM avait exécuté Béatrice Stöckli, une missionnaire évangélique, qui avait été enlevée en janvier 2016 à Tombouctou. En mars dernier, le ministère suisse des affaires étrangères avait précisé que son corps avait pu être retrouvé et formellement identifié.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une poussée djihadiste partie du Nord, qui a plongé le pays dans une crise sécuritaire et s’est étendue au centre du pays. Les violences se sont également propagées au Burkina Faso et au Niger voisins. Les violences – djihadistes, intercommunautaires ou autres – ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de personnes déplacées, malgré l’intervention des forces de l’ONU, française et africaines.