Un Procès Pervers à Yaoundé
Avec le Pr. Maurice Kamto, ce n’est pas seulement l’opposition criminalisée qui est en procès au tribunal militaire de Yaoundé ce 06 septembre 2019, mais aussi tout un mode de comportement d’une élite Camerounaise que nous avions déjà vu à l’oeuvre contre d’autres personnalités comme Titus Edzoa, Pierre Désiré Engo, Urbain Olanguena Awono, Jean-Marie Atangana Mebara ou Marafa Hamidou Yaya, et que le ministre Jacques Fame Ndongo a d’ailleurs théatralisé récemment en prenant (encore) son «grand frère» otage à l’occasion d’une compétition de football au village en pleine forêt équatoriale au Sud du pays.
Il s’agit au fond d’une élite qui peut s’autoriser d’entrer dans n’importe quelle pièce en violant y compris l’intimité des personnes ciblées, se mêler pour ce faire à n’importe quel groupe social, être parfaitement à l’aise en parvenant même à mettre les autres à l’aise, tant elle se sait tout permis. C’est une conduite qui est caractérisée par son air de «supériorité sans effort». Juste aurait-on envie de lui dire: ne laissez pas tant votre force devenir votre faiblesse !
Car la « supériorité sans effort », qui est une éthique, un idéal de contrôle de soi et de compétence devrait être contrebalancée par une éthique de noblesse oblige stratégique. Ce qui implique une pratique des responsabilités avec élégance, décence, et humilité. Alors n’abusez pas de vos privilèges mais aimez avant tout le Cameroun et les Camerounais, mettez-les au dessus de votre illusion de toute puissance.
En réalité ce genre d’élites incarne la source des problèmes du Cameroun, car ce sont davantage des gestionnaires de la décadence de ces 37 dernières années, et ils sont d’ailleurs de plus en plus satisfaits de le faire. Contrairement aux hommes politiques contemporains, tels que le Pr. Kamto, juriste de renommée internationale, imprégné d’une éthique de travail acharné et d’un «patriotisme pratique» contre les forces de la stagnation, de la trépidation et de l’inertie des 37 dernières années.
Le principale trait distinctif, ici, est l’intelligence et la méritocratie républicaine, plutôt que le tribalisme.
Il y a des gens qui ont hérité de l’État et du pouvoir, inexplicablement, d’Ahmadou Ahidjo en 1982, comme une vieille montre ou une ferme familiale, et qui n’ont pas eu à utiliser leur cerveau, même quand ils en avaient un (avant). À l’évidence il a cessé de leur être d’une grande utilité. Et cela va presque naturellement à l’encontre de ceux qui sont devenus de hauts fonctionnaires par le biais de l’université et de l’érudition, à travers des bourses d’étude notamment, qu’elle soit d’origine républicaine et méritocratique ou familiale. Nous sommes face à une expérience sociale d’une extrême brutalité, quelque soit le genre, et dont d’anciens étudiants brillants comme le Pr. Kamto ont dû se confronter dès leur entrée dans la vie active au Cameroun, s’en sont parfois accoutumés par patriotisme en mettant en berne leur esprit critique en tant que génie intelligent évoluant dans un habitat extraterrestre.
C’est essentiellement pour cela que pour les dirigeants de la décadence de Yaoundé, le procès de Kamto est pervers.
Parce qu’ils se sont eux-mêmes piégés dans leur «dilemme démocratique» en essayant d’avoir le beurre et l’argent du beurre – soutenant une notion théorique voulue parfaite de la «démocratie», tout en refusant d’accepter le résultat de la dernière élection présidentielle. Ils ont ainsi réussi à détruire toutes les formes d’expression et la belle façade démocratique dans le pays avec un camouflage de loup en habit de mouton, celui qui a en réalité prévalu pendant les 37 dernières années au Cameroun. Cette contradiction ne peut pas durer éternellement, même pour une dictature baignant dans le délire d’une immortalité obscène.
Le régime Biya peut toujours voler des élections, mais il ne peut pas dépasser sa propre horloge biologique.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
A Perverse Trial in Yaoundé
As with Prof. Maurice Kamto, it is not only the criminalized opposition that is put on trial in a military court but also a mode of behavior of a Cameroonian elite that we have seen in other personalities like Titus Edzoa, Pierre Desire Engo, Urbain Olanguena Awono, Jean-Marie Atangana Mebara or Marafa Hamidou Yaya that Minister Fame Ndongo also recognized by taking his « big brother » hostage at a football tournament in the village.
An elite who can enter any room, mingle with any social group, be comfortable and put others at ease. It is a conduct that is characterized by its air of « effortless superiority ». Which means do not let your strength become your weakness. « Effortless superiority » is an ethic, an ideal of self-confidence and competence counterbalanced by an ethic of strategic noblesse oblige. Which means practice your responsibilities with elegance. Do not abuse your privileges but love Cameroon and Cameroonians. This kind of elite has always created a problem for the managers of decadence for the past 37 years and who are increasingly content to do so.
Unlike contemporary politicians, such as Pr. Kamto, an internationally renowned jurist, imbued with a ferocious work ethic, and ‘a practical patriotism’ against the forces of stagnation, trepidation and hesitation of the past 37 years.
The largest faultline, here, is intelligence and republican meritocracy rather than tribalism. There are some folks who have inherited the state and power, inexplicably, from Ahmadou Ahidjo in 1982, like an old watch or a family farm, and didn’t have to use their brains, even if they had them. This is against those who became high civil servants via academia and scholarship, be it of meritocratic or familial origin, a raw social experiment of one kind or another for people like, Pr. Kamto, had to live on their wits as clever geniuses in an alien habitat.
For the managers of decadence, the Kamto’s trial is perverse. They are trapping themselves in their “democratic dilemma” by trying to have it both ways themselves — supporting a notional perfect notion of “democracy” while refusing to accept the result of the last presidential election. They successfully destroyed all forms of democratic expression in the country while remaining wolves in democratic sheep’s clothing for the past 37 years. That contradiction cannot last forever even for a regime under the delusion of obscene immortality.
The regime can always steal elections but it cannot outrun its own biological clock.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P