En lisant les divers commentaires sur ce qui se passe au Bénin ces jours jusqu’aujourd’hui dimanche 28 avril 2019, force est de voir les images d’un constat douloureux dans les yeux de certains, mais aussi une sorte de léthargie intellectuelle chez d’autres.
Dans certains esprits, le « de toute façon qu’est-ce qu’on peut faire » s’exprime déjà à travers des pseudo-doutes sur le chemin pourtant déjà bien tortueux, qui se profile à l’horizon pour le Bénin. Pourtant sur le terrain, la résistance citoyenne est en marche, et les Béninois ont refusé le piège Talon, par leur boycott massif, et « d »attendre pour voir ».
Un bilan réaliste et honnête des faits est en effet urgent, entre autre pour éviter un étiolement dans la langue de bois et la pseudo timidité « opinionnelle » du « voyons-voir-ce-qui-va-se-
Les atteintes au droit fondamental de l’Homme à être informé de façon complète en tout temps, d’exprimer des opinions et de les communiquer, à travers un musellement progressif de la presse et l’abolition même temporaire des canaux communicationnels ordinaires par internet, sont forcément de très mauvaise augure. Et les attaques sur internet par le régime Talon n’en sont pas à leurs débuts.
« On ne réforme pas au bazooka », écrivait quelqu’un dans un débat sur la question.
Ensuite, en amont, de rendre superflue l’opposition, est un des piliers stratégiques des États « indépendants » francophones subsahariens depuis 1960. Le moteur principal de gouvernance des régimes qui ne se sont pas installés au pouvoir pour en repartir légalement de sitôt.
Quant à la manière, de tout temps, quand on fait comprendre à quelqu’un pendant des décennies, qu’il est nul, incompétent, inutile et incapable, il fini par l’intégrer et le devenir. Surtout quand les failles sont bien exploitées. C’est de la psychologie pure et simple, et c’est largement documenté.
Faire de l’autoflagellation en disant que de toute façon l’opposition n’existe pas, ne peut en aucun cas justifier qu’on reste bras ballant devant l’installation silencieuse d’une dictature, et pourrait ressembler à moyen terme à une forme de complicité tacite. En Afrique centrale on connaît depuis longtemps aussi ce genre de mécanismes de diversion souvent inconscients, en tout cas dans un premier temps.
Talon est un grand voyou, et tous les Béninois le savaient déjà avant le début de son mandat. A vrai dire, selon la nouvelle mode qui prévaut jusqu’en France d’ailleurs, on a souvent voté pour Talon par défaut, parce qu’on ne voulait pas du Francais Zinsou.
Après, le silence des pantoufles fait bel et bien plus de mal que le bruit des bottes, puisque qu’il contribue à perpétuer le sommeil des esprits, donc entrave déjà une proactivité potentielle et ensuite une réactivité en adéquation avec les circonstances.
Et puis, quand un dirigeant vise et réussi à instaurer le soutien absolu, ou presque, de L’Assemblée nationale à son égard, c’est une perte de temps précieux que de jouer à l’autruche et à la diversion. Car le prélude est clairement identifiable, les précédents, notamment en Afrique centrale, étant pléthoriques.
Les Béninois ont clairement exprimé leur prise de conscience aujourd’hui, ils sont déjà passés par des événements pas très « démocratiques » depuis 1960. Talon a cru bon de casser les velléités de résistance à ses manigances en coupant internet. Il est malin et craint de toute évidence le potentiel existant de ses compatriotes.
Que les appels à la prudence et à vigilance ne se laissent pas dépasser par une acceptation complaisante de l’inacceptable, c’est tout ce que nous pouvons espérer à ce stade. Et que la division ne viennent pas empoisonner le terrain pour offrir le flan à un régime Talon qui ne lésinera pas sur les moyens pour arriver à ses fins.
Car quand il sera vraiment trop tard, tout le monde va pleurer. Et la pseudo « paix » que tous au Bénin veulent forcément préserver en priorité, malgré les difficultés socio-économiques prouvant que les responsabilités du gouvernement en termes de développement et de protection du citoyen sont encore loin d’être garanties, ne deviendra plus qu’un lointain souvenir.
Par Becca Tickle