Une association a déposé une plainte auprès du tribunal judiciaire de Paris vendredi contre les autorités camerounaises et contre X pour tortures et autres traitements inhumains et dégradants. Cette association créée au début de l’année en France, le Réseau Respondere advocatus, rassemble une dizaine de juristes ainsi que des représentants d’autres professions. Elle affirme vouloir défendre des leaders politiques camerounais et africains qu’elle considère en danger en raison de leur engagement politique.
Dans sa plainte, le Réseau Respondere advocatus évoque trois événements qui se sont déroulés l’an dernier au Cameroun : les manifestations du 26 janvier et du 1er juin, organisées par le parti d’opposition, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), ainsi que la mutinerie du 22 juillet, à la prison centrale de Yaoundé. L’association affirme que pendant ou après ces événements des tortures et des traitements inhumains et dégradants ont été infligés à des citoyens camerounais. « Ce régime utilise la force, l’armée, la police pour réprimer toute expression démocratique », estime maître Amédée Touko, juriste et secrétaire général de l’association.
Des dizaines de noms cités dans la plainte
Le Réseau Respondere advocatu évoque les conclusions de plusieurs organisations internationales, comme Amnesty International ou Human Rights Watch, et dit détenir des photos et vidéos. Dans sa plainte, il cite des dizaines de noms : autorités nationales, régionales, militaires notamment des personnes soupçonnées d’avoir commis directement ces actes, mais aussi leurs supérieurs hiérarchiques.
L’association créée en France a décidé de porter plainte à Paris, comme la loi le permet, selon Maître Amédée Touko : « Nous pensons également que ce ministre nouvellement arrivé qui a un esprit quand même très ouvert en ce qui concerne les droits de l’homme, la liberté. Nous pensons pouvoir obtenir du parquet une attention très particulière. »
Lire aussi : Cameroun – Violation des Droits de l’Homme: Une plainte déposée en France contre les autorités camerounaises pour tortures sur des militants du MRC
Vidéo, JMTV PLUS: CAMEROUN: PLAINTE CONTRE SES AUTORITÉS à PARIS POUR TORTURE
[ot-video type="youtube" url="https://www.youtube.com/watch?v=liynapiXbKs"]
Un ancien garde du corps de l’ex-président François Bozizé arrêté en France
Eric Danboy Bagale, ancien responsable de la garde de l’ex-président centrafricain François Bozizé, a été mis en examen vendredi soir à Paris, a-t-on appris samedi de source judiciaire.
Selon le parquet national antiterroriste (Pnat) de France, M. Danboy Bagale, 41 ans, a été écroué pour “complicité de crimes contre l’humanité” et “complicité de crimes de guerre”.
Le Centrafricain de 41 ans a aussi été mis en examen pour “actes de torture” et “association de malfaiteurs en vue de la préparation de crime de guerre”.
On lui reproche des faits qu’il aurait commis entre 2007 et 2014 “en tant que responsable de la garde présidentielle (…) puis en tant que responsable de milices anti-balaka”, a précisé le Parquet antiterroriste dans un communiqué.
L’ex-président François Bozizé a dirigé la République centrafricaine de 2003 à 2013, quand il a été renversé par Michel Djotodia. Vendredi les deux anciens dirigeants se sont brièvement rencontrés à Bangui, la capitale.
Selon les autorités françaises, M. Danboy Bagale a été interpellé et placé en garde à vue mardi dans l’est de la France.
Compétence universelle
Cette arrestation a été ordonnée dans le cadre d’une enquête ouverte en mai 2017 et désormais confiée à des juges d’instruction spécialisés du tribunal de Paris.
“Il s’agit de la première mise en examen dans une procédure diligentée par le Pnat concernant des faits commis en République centrafricaine”, a précisé le communiqué.
La justice française s’est saisie de ce dossier en vertu d’une compétence universelle qui l’autorise à poursuivre des suspects de crimes de guerre ou crimes contre l’humanité s’ils passent ou résident sur le territoire français.
En 2019, environ 150 procédures judiciaires étaient menées par ce pôle spécialisé du tribunal de Paris, concernant des exactions commises notamment au Rwanda, en République démocratique du Congo, Syrie, Irak ou encore Libye.
Le nom d’Eric Danboy Bagale est apparu parmi les “Libérateurs”, nom donné aux compagnons d’armes du général Bozizé qui l’ont porté au pouvoir en 2003 en renversant le président Ange-Félix Patassé.
L’officier était devenu un haut responsable au sein des milices anti-balaka. Ces groupes armés ont été formés pour combattre les milices de la Séléka, une alliance de rebelles issus du nord du pays à majorité musulmane, qui ont chassé le président Bozizé du pouvoir en 2013.
Les nombreux massacres perpétrés par les deux camps ont plongé ce pays dans la troisième guerre civile de son histoire.
Selon l’ONU, qui a accusé les deux coalitions de crimes de guerre, entre 3.000 et 6.000 personnes ont péri, essentiellement des civils, entre 2013 et 2015.
Par AFP/VOA