Le Conseil mondial pour les réfugiés (CMR), ONG dirigée par un ancien ministre canadien des affaires étrangères, Lloyd Axworthy, veut que les fonds saisis à des dictateurs soient utilisés pour aider les réfugiés, proposition qui sera soumise jeudi 24 janvier à des ambassadeurs accrédités à l’ONU et à des organisations internationales à New York.
C’est l’une des recommandations que cette ONG fera dans un rapport intitulé « Un appel à l’action : transformer le système mondial des réfugiés », qui sera rendu public à cette occasion. Selon le texte, environ 68,5 millions de personnes sont réfugiées ou déplacées dans le monde, chassées de leurs foyers par la guerre, la famine et les catastrophes.
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« Tant de gens sont en déplacement que le système soutenant et protégeant les réfugiés dans le monde est réellement menacé, a déclaré l’ancien ministre canadien, à l’AFP. Nous devons commencer à nous attaquer aux méchants, à ceux qui créent des conflits en volant leur pays. » Saisir leurs biens mal acquis « permettrait de dégager de nouveaux fonds pour les réfugiés », mais aussi de soulager une partie de la pression financière qui s’exerce sur des pays hôtes, certains disposant de ressources très limitées, a-t-il précisé.
« Les régimes oppressifs, responsables d’une grande partie de la migration forcée, sont dans de nombreux cas corrompus. Ils volent leurs trésors et placent leur argent et d’autres actifs à l’étranger », souligne le rapport.
Répondre à une urgence humanitaire
M. Axworthy propose de faire appel aux tribunaux pour saisir des fonds bloqués dans des comptes gelés en raison de sanctions, que la Banque mondiale a estimés à des dizaines de milliards de dollars. Il cite en exemple une procédure en France en 2017 contre Teodorin Obiang, fils du président de la Guinée équatoriale, qui a été condamné à trois ans de prison et 30 millions d’euros d’amende, le tout avec sursis, dont les deux tiers ont ensuite été utilisés par une organisation caritative pour aider la population du pays.
La semaine dernière, le Conseil mondial pour les réfugiés a présenté ses recommandations à l’Union africaine, qui a décidé de mettre en œuvre certaines d’entre elles au niveau régional. Le rapport évoque également l’exode massif de populations en Birmanie, en Syrie ou en Afrique subsaharienne par exemple.
Il souligne que les États-Unis – autrefois à l’avant-garde dans la réinstallation de réfugiés – ont accueilli en 2018 le plus petit nombre de demandeurs d’asile en quatre décennies, alors que la xénophobie prend de l’ampleur sur plusieurs continents. L’ONG a été créée en 2017 au plus fort de la crise mondiale des réfugiés avec pour objectif de proposer de nouvelles idées pour tenter de répondre à cette urgence humanitaire.