Il faut espérer avec cette décision rendue récemment par la Commission des droits de l’homme de l’Union africaine sur M. Jean-Marie Atangana Mebara que les courtisans et partisans du régime de Yaoundé ne disent plus que ce sont les odieux occidentaux qui viennent ainsi conforter notre thèse habituelle, aujourd’hui partagée par tous les observateurs avisés: le régime de Paul Biya mène sur des cas spécifiques une épuration politique sous le couvert d’une légitime et nécessaire lutte contre la corruption, qui a malheureusement pris la forme au Cameroun d’une justice à tête chercheuse sous les auspices d’un tribunal d’exception communément appelé Tribunal Criminel Spécial (TCS).
Nous ne serons pas surpris du silence gêné ou du retournement de veste le moment venu de nos détracteurs et censeurs habituels, lorsque le même régime sera contraint – comme ce fut le cas il y a deux ans avec la libération du Pr. Titus Edzoa et des autres – de lâcher un peu du lest dans quelques semaines ou mois pour les personnalités unanimement reconnues prisonniers politiques par l’immense communauté internationale; afin d’essayer de s’attacher le silence bienveillant des grandes puissances occidentales sur la mascarade électorale qu’il prépare actuellement au Cameroun.
Cela aussi, nous ne lui laisserons plus faire.
Car certains ont visiblement du mal à comprendre dans l’îlot obscurantiste de Yaoundé et chez certains de ses voisins d’Afrique centrale que c’est d’abord la donne internationale et singulièrement africaine qui a aussi changé, sous l’impulsion croissante des organisations de la société civile et l’aspiration des Peuples à l’alternance démocratique.
Pour nous il est donc normal que des individus baignant quotidiennement depuis 34 ans au Cameroun dans une pensée unique moyenâgeuse – à l’image du bel unanimisme qui prévaut dans la Corée du Nord des Kim – refusent délibérément de constater le processus de marginalisation dans lequel est entré le Cameroun depuis deux décennies, malgré l’affichage des visites sur-médiatisées des prédateurs néo-coloniaux et de quelques dirigeants de second plan. Ils essayeront inévitablement en vain de faire taire tous ceux qui comme nous, militent en faveur de la restauration d’un état de droit véritablement impartial et d’une démocratie réelle au Cameroun.
Messieurs ressaisissez-vous! Le Cameroun ne saura durablement se soustraire à ses obligations internationales.
Joël Didier Engo
Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
[spacer style="1"]
Cameroun : Justice : L’UA recommande la libération du prisonnier politique Jean Marie Atangana
Dans une décision rendue récemment, la Commission des droits de l’homme de l’Union africaine recommande également à l’Etat du Cameroun de verser à l’ancien ministre 400 millions de F Cfa en guise de dédommagement pour détention arbitraire. Pour cet organe quasi-juridictionnel, Jean Marie Atangana Mebara, incarcéré depuis août 2008 à la prison centrale de Yaoundé, n’a pas eu droit à un procès équitable. Ce, en violation de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
C’est un cinglant revers pour les autorités camerounaises et un retentissant discrédit jeté sur l’opération anti-corruption Epervier au Cameroun. La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (Cadhp) et des peuples vient de donner raison à Jean Marie Atangana Mebara. L’ancien ministre et secrétaire général à la présidence de la République est incarcéré depuis le 6 août 2008 à la prison centrale de Kondengui pour détournement de deniers publics, notamment dans le cadre de l’achat foireux d’un avion présidentiel.
Mais dans sa communication 416/12 (voir fac similé) rendue le 20 avril dernier, la Cadhp recommande à l’Etat du Cameroun non seulement de libérer Jean Marie Atangana mais aussi de lui verser 400 millions de F CFA en guise de dédommagement. D’après la Cadhp, la procédure judiciaire contre Jean Marie Atangana Mebara a violé certaines dispositions de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatives à une justice équitable et impartiale, à la présomption d’innocence et aux droits de la défense.
C’est le 26 juillet 2012 que l’ancien ministre a saisi la Cadhp. Jean Marie Atangana Mebara dénonçait notamment les disjonctions de procédure du juge d’instruction, la longueur de cette procédure, sa nouvelle mise en détention le 7 mai 2012 malgré son acquittement quelques jours plus tôt, etc. Le 6 juin 2014, sa plainte a été jugée recevable par cet organe quasi-juridictionnel de l’Union africaine.
Jean Marie Atangana Mebara est sous le coup d’une double condamnation. L’une à 15 de prison en appel (après un acquittement en jugement) en octobre 2012 dans le cadre de l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et l’autre à 20 ans de prison ferme le 2 octobre 2013 relative au règlement des locations d’avion par l’ancienne compagnie aérienne Cameroon Airlines.
Le 3 mai dernier, son pourvoi en cassation a été rejeté par la Cour suprême. L’ancien ministre sollicitait l’annulation de la décision prise par le Tribunal criminel spécial de poursuivre les débats malgré la non-citation de ses témoins par le parquet dudit tribunal. Dans cette autre affaire relative à l’achat de l’avion présidentiel, il est accusé du détournement de plus de 4 milliards de F CFA. Depuis le 16 juin 2014, Jean Marie Atangana Mebara est reconnu comme prisonnier politique par le Comité de libération des prisonniers politiques au Cameroun, une ONG française.
Par Michel Biem Tong, hurinews.com