Union Européenne – Dictature camerounaise: un dialogue de sourds
Dans ses derniers tweets, après la condamnation par le Parlement de l’Union européenne de ses pratiques en matière de droits humains, le président Biya envoie des messages demandant essentiellement aux Camerounais ordinaires de travailler dur pour défendre la patrie. Défendre la patrie supposée menacée devient ainsi l’argument massue d’une dictature trentenaire poussée dans ses derniers retranchements par la communauté internationale.
M. Biya a toujours affiché une posture dans laquelle il se positionne étrangement en observateur de la politique camerounaise, comme s’il en était simplement un spectateur, alors même que c’est lui l’architecte en chef de ce système politique vénal et corrompu. En fait, la constitution et la structure hypercentralisée du pouvoir au Cameroun sont tels que les institutions sont sous le contrôle total d’un dirigeant suprême et absolu: Paul Biya.
Il faut donc s’interroger sur ce type de communication autoritaire imposée aux Camerounais ordinaires qui ne jouissent d’aucune forme d’autonomie politique dans ce système politique répressif. En effet quelle avancée démocratique réelle peut-on attendre de l’expérimentation politique dictée encore une fois du haut de son trône par M. Biya, en particulier après l’humiliation qu’il vient de recevoir de l’Union européenne? Le CL2P n’en voit aucune.
C’est pourquoi ces tweets doivent être lus comme une autre forme d’hypocrisie et d’opération de relations publiques de la part d’un gouvernement pris de panique, qui se plie en quatre pour se présenter comme «démocratique» notamment à un des ses principaux bailleurs multilatéraux, tout en essayant comme à son habitude de manipuler, de flatter le nationalisme en faisant appel au patriotisme d’une population que ce régime a opprimé ces 37 dernières années, sinon 70. Nous ne pouvons donc pas faire confiance à un régime qui ne se soucie pas de ce que nous pensons et aspirons en notre for intérieur. Et comme l’a largement documenté le CL2P, ce régime est un destructeur et non un défenseur de la démocratie. Aussi, il n’a pas le droit de nous demander de faire quoi que ce soit. Nous lui demandons, par contre, de démissionner.
À vrai dire, quand une dictature aussi sclérosée s’enfonce, elle y va sans aucune retenue, y compris quand il ne lui reste en vérité qu’une issue de secours: le dialogue inclusif et la libération de tous ses prisonniers politiques. Force est de reconnaître que celle de Paul Biya est tellement formatée depuis 37 ans au complotisme et à la répression systémique, qu’elle semble incapable du moindre sursaut de lucidité.
Alors Messieurs vous êtes entrain de creuser votre tombe, notamment avec vos effets de manches à usage interne. Comme d’autres, vous allez lamentablement perdre ce semblant de bras de fer que vous engagez contre plus fort que vous. C’est une évidence.
Mais au moins aurez vous été prévenus!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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English version
European Union – Cameroonian dictatorship: a dialogue of the deaf
In his latest tweets, after the condemnation of the European Union’s parliament of his human rights practices, the president is sending out tweets essentially asking ordinary Cameroonians to work hard to defend the fatherland.
Mr. Biya has always developed a political precedent whereby he always presents himself as an observer of Cameroonian politics as if he is simply a bystander rather than the architect-in-chief of that venal and corrupt political system. In fact, the constitution and power structure of Cameroon is such that it is under the total control of one supreme and absolute leader, Paul Biya.
Thus, one has to question this kind of major demands imposed on ordinary Cameroonians who do not have any forms of political autonomy in that repressive political system. This is where the CL2P does not see where this political experimentation Mr. Biya is calling for is going to take place, especially, after the humiliation he just received from the European Union?
Thus, these tweets can be read as another form of hypocrisy and public relation from a government bending over backward to present itself as “democratic” while attempting to manipulate and flatter a sense of nationalism and patriotism from the own people this regime has been oppressing for the past 37 years, if not, 70.
Thus, we cannot trust a regime that does not care about what we think and, as the CL2P has largely documented, a destroyer and not a defender of democracy. Thus, he has no right to ask us to do anything, we are the ones asking him to resign.
As a matter of fact, we are already noticing that, when a dictatorship sinks, it goes without restraint, including when it no longer has a way out: the inclusive dialogue and the release of its political prisoners.
That of Paul Biya is so formatted for 37 years to conspiracy and systemic repression, it seems incapable of any leap of lucidity.
Gentlemen, you are digging your own grave, especially with your sleeve effects for internal use. Like others, you’re going to lose this semblance of a tense fight against stronger than you.
It’s obvious. At least you’ve been warned!
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P