Quatre hauts responsables onusiens ont appelé vendredi à une meilleure protection des civils au Cameroun dans un contexte d’escalade de la violence dans ce pays d’Afrique centrale.
« Nous sommes profondément préoccupés par les informations faisant état de violences, notamment l’attaque du 14 février contre le village de Ngarbuh, dans la région du Nord-Ouest, qui a fait 23 morts, dont 15 enfants », ont déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba ; la Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence sexuelle dans les conflits, Pramila Patten ; la Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence contre les enfants, Najat Maalla M ‘jid ; et le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, Adama Dieng.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme ont condamné ce massacre et appelé le gouvernement à ouvrir une enquête sur les circonstances de cette attaque.
Dans un communiqué, les quatre membres de l’équipe de direction du Secrétaire général ont déploré les informations faisant toujours état de violations des droits de l’homme dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun. Des violations commises contre des civils, notamment des femmes et des enfants, ont-ils précisé.
Les quatre hauts responsables onusiens ont déploré les informations selon lesquelles des attaques contre des civils auraient été perpétrées, notamment des homicides extrajudiciaires, des actes de torture, des arrestations arbitraires et des destructions de biens, ainsi que des représailles, des enlèvements, des viols et d’autres formes de violence sexuelle, affectant de manière disproportionnée les femmes et les enfants dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Ces attaques ont contraint nombre d’entre eux à fuir leur foyer.
Les enfants et les femmes particulièrement affectés par la crise
Les enfants continuent d’être particulièrement touchés par la crise au Cameroun. Des informations en provenance du pays font état d’attaques contre des écoles, de longues fermetures d’établissements scolaires dans les régions touchées et de milliers d’enfants non scolarisés.
« Les informations reçues sur le recrutement et l’utilisation d’enfants par des acteurs armés et la détention d’enfants en raison de leur association réelle ou présumée avec des acteurs armés soulèvent d’autres problèmes de protection », ont dit les hauts responsables onusiens.
Des centaines de milliers de personnes seraient déplacées dans les régions touchées et le manque de sécurité a encore aggravé le sort des groupes marginalisés et vulnérables. « Il est urgent de prévenir de nouvelles violences et de protéger toutes les femmes, filles, garçons et hommes contre les violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme », ont souligné Mmes Gamba, Patten et M ‘jid et M. Dieng.
Au Cameroun, un accès humanitaire très restreint et des ressources limitées pour les prestataires de services ont réduit la disponibilité des soins de santé sexuelle et génésique pour les femmes, « y compris le traitement urgent pour les survivantes de violences sexuelles », ont déclaré les hauts responsables onusiens.
Mmes Gamba, Patten et M ‘jid et M. Dieng ont appelé le gouvernement camerounais à s’acquitter de sa responsabilité principale de protéger sa population en s’attaquant aux causes profondes de la violence et en veillant à ce que les victimes des attaques bénéficient de la protection et de l’assistance appropriées. Ils ont en outre appelé les autorités à enquêter de manière approfondie et à faire en sorte que les responsables des graves violations et abus qui ont été commis rendent des comptes.
« Nous exhortons le gouvernement du Cameroun à garantir le plein respect des droits de l’homme, y compris les droits des femmes et des enfants, et de veiller à ce que les besoins humanitaires des civils soient satisfaits », ont-ils dit.
« En outre, nous rappelons au gouvernement que les enfants associés à des groupes armés doivent être considérés principalement comme des victimes et que leur détention ne doit être utilisée qu’en dernier recours et pour la durée la plus courte », ont ajouté les hauts responsables onusiens, rappelant également que toutes les formes de violence sexuelle sont catégoriquement interdites en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme.
L’ONU a rappelé qu’elle offre son soutien et son assistance aux autorités camerounaises pour remédier à cette situation et améliorer la protection et la prestation de services aux civils dans les zones touchées et à ceux qui ont été déplacés de force.