Les autorités françaises doivent veiller à ne pas « violer les droits de l’homme de tout un groupe » dont certains ont commis des actes répréhensibles, a prévenu mercredi 9 décembre la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet. Interrogée spécifiquement sur la France, et en particulier sur la loi « sécurité globale » et les violences policières, pendant une conférence de presse, Mme Bachelet a dressé une liste de sujets d’inquiétude et de recommandations aux autorités françaises :
« Nous exhortons les autorités françaises à éviter de prendre des mesures qui résultent dans la stigmatisation de groupes entiers et nous les exhortons à prendre activement des mesures pour que des groupes ne soient pas stigmatisés ou ne voient pas leurs droits de l’homme violés parce que certains individus ont fait des choses qu’il ne fallait pas faire. »
La haut-commissaire a rappelé qu’en termes de violences policières, elle avait déjà fait part de ses inquiétudes durant les manifestations du mouvement de protestation des « gilets jaunes », commencé fin 2018 en France, et elle « encourage les autorités à mener des enquêtes rapides, complètes, indépendantes, impartiales et transparentes pour toute violation des droits de l’homme ».
Lire aussi Violences policières, « sécurité globale » : Emmanuel Macron en quête d’apaisement et d’équilibre
« Eliminer les pratiques discriminatoires »
Michel Bachelet a aussi rappelé qu’elle s’est déjà inquiétée depuis longtemps « du racisme et des contrôles aux faciès des forces de l’ordre qui doivent être traités urgemment », selon elle, soulignant que « nous voyons cela dans de nombreux pays à travers le monde ».
Ces dérives « risquent d’entamer un peu plus le lien de confiance entre la police et la population, en particulier les minorités raciales et ethniques », a-t-elle insisté. « J’exhorte la France, comme je le fais pour beaucoup d’autres pays, à examiner sérieusement ses méthodes de maintien de l’ordre et à éliminer les pratiques discriminatoires et les biais envers certains groupes », a-t-elle ajouté.
La conférence de presse de Mme Bachelet faisait suite à son discours sur les perspectives des droits humains dans le monde, dans lequel elle a mené un véritable réquisitoire contre la manière dont les autorités dans le monde entier ont mené la lutte contre la pandémie, en sacrifiant souvent ces droits.
Le Monde avec AFP
[spacer style="1"]
Islam : Washington dit s’inquiéter pour la liberté de religion en France
« Quand on est trop répressif, la situation peut s’aggraver », affirme un haut responsable américain.
Par L’Obs avec AFP
Publié le 08 décembre 2020
Un haut responsable américain a fait part mardi de son « inquiétude » pour la liberté de religion en France suite aux mesures prises par Paris contre l’islamisme radical après de récents attentats.
« Je suis inquiet, évidemment, pour ce qui se passe en France », a dit l’émissaire des Etats-Unis pour la liberté religieuse Sam Brownback lors d’un échange avec des journalistes.
« Il peut y avoir un dialogue constructif qui peut, je pense, être utile », mais « quand on est trop répressif, la situation peut s’aggraver », a-t-il prévenu.
« Notre point de vue, c’est que le rôle du gouvernement est de protéger la liberté religieuse. Vous ne pouvez pas pratiquer votre foi de façon violente (…) mais si vous pratiquez votre foi pacifiquement, vous êtes dans votre bon droit », a-t-il ajouté.
« Contre le séparatisme islamiste, jamais contre l’islam »
Le gouvernement français doit examiner mercredi un projet de loi « renforçant les principes républicains », qui vise à lutter contre « les séparatismes » et l’islamisme radical.
Le président français Emmanuel Macron avait publié début novembre dans le quotidien britannique Financial Times une tribune pour expliquer que « la France se bat contre le séparatisme islamiste, jamais contre l’islam ».
Vendredi, il est revenu sur ces sujets particulièrement sensibles comme l’islam et la laïcité, après que certains médias anglo-saxons ont accusé la France de s’en prendre aux musulmans.
« La France n’a pas de problèmes avec l’islam, elle a même une relation de longue date (…). Simplement, nous avons construit notre République, notre projet collectif, dans la séparation entre le politique et le religieux, c’est ça que parfois beaucoup de régions du monde ont du mal à comprendre », a-t-il affirmé dans un entretien, défendant la laïcité française.
Evoquant le récent assassinat d’un professeur qui avait montré en classe des caricatures de Mahomet, le chef de l’Etat français a estimé que la France avait « été attaquée » parce qu’elle avait « défendu la liberté d’expression ».
« J’ai été frappé que la presse anglo-saxonne a même dit: ’ces Français sont étranges, ils ont insulté le prophète, ils n’aiment pas l’Islam, ils ont un problème avec cette religion’», a-t-il ajouté, défendant « une liberté d’expression pleine et entière », y compris le droit au blasphème conforme au droit français.
L’Obs avec AFP